Chapitre 5 – Recommandations détaillées

Table des matières

Introduction

Ce chapitre résume nos conclusions et formule des recommandations quant à l'optimisation de la combinaison d'attestations d'études en vue de faciliter la transition des diplômés vers le marché du travail. À partir des principales constatations de notre analyse, nous examinons comment positionner le système d'éducation postsecondaire de l'Ontario pour continuer à soutenir et à améliorer la qualité et l'innovation en vue de mieux préparer les diplômés pour une transition sans heurts et opportune vers le marché du travail.

Aperçu des conclusions

L'éducation postsecondaire en Ontario constitue un investissement rentable, mais une entrée tardive sur le marché du travail nuit aux étudiants, aux familles et à l'économie.

Notre analyse de la combinaison d'attestations d'études en Ontario a révélé des preuves solides de retombées importantes associées à l'obtention d'une attestation d'études postsecondaires. Cependant, nous avons aussi découvert des preuves qui suggèrent que les diplômés peuvent mettre du temps à atteindre leur plein potentiel sur le marché du travail, notamment les diplômés dans certains domaines d'études comme les sciences humaines, les sciences sociales et les sciences. La plupart des diplômés postsecondaires prennent leur place dans le marché du travail lorsqu'ils atteignent 25 à 29 ans, après quelques années plus difficiles suivant l'obtention de leur diplôme. Il semble donc y avoir un écart entre les besoins du marché du travail et les compétences et l'expérience des récents diplômés.

Même si le délai avant un emploi à temps plein n'est que de quelques années, c'est suffisant pour entraîner des répercussions sociétales importantes, notamment retarder le moment d'acheter une propriété et de fonder une famille.

Comment accélérer la transition des diplômés vers le marché du travail?

Si notre analyse suggère qu'il faut du temps pour que l'investissement dans une éducation postsecondaire rapporte, les étudiants dotés de compétences avancées, comme une pensée critique et de bonnes aptitudes de communication, fondées sur des compétences techniques, acquises notamment par une expérience de travail, s'en sortent mieux sur le marché du travail.

De plus en plus, les étudiants de l'Ontario et d'ailleurs considèrent les études appliquées comme un élément fondamental de leur cheminement de carrière. Les différents observateurs de l'éducation postsecondaire en Ontario et ailleurs s'entendent généralement pour dire qu'un plus grand nombre d'options en matière d'études appliquées peut faciliter la transition vers le marché du travail (Fallis, 2013; Chambre de commerce du Canada, 2014; Mourshed et autres, 2014; The Economist, 2014). Selon notre analyse, il n'existe aucune solution universelle qui répondra aux besoins de chaque étudiant. Plusieurs solutions sont nécessaires pour faciliter les transitions de l'école au travail.

L'Ontario, comme d'autres territoires de compétence, met à l'essai des méthodes innovatrices afin de consolider son offre en matière d'études appliquées, notamment :

  • conférer aux collèges le pouvoir de décerner des baccalauréats;
  • encourager des voies de transition entre les établissements appliqués et universitaires;
  • mettre à l'essai divers modèles de prestation, y compris les programmes conjoints, la prestation axée sur les compétences et l'apprentissage intégré au travail.

Ces innovations reflètent le fait que les connaissances et les compétences dont les diplômés ont besoin pour contribuer à la société et à l'économie continuent à changer au fil du temps.

Que manque-t-il pour soutenir la qualité et l'innovation?

Plusieurs territoires de compétence à travers le monde s'interrogent eux aussi sur leur combinaison d'attestations d'études dans l'optique d'une gestion optimale de leur système d'éducation postsecondaire, afin d'offrir à leurs étudiants et à leurs employeurs des programmes techniques qui répondent à leurs besoins. Notre analyse a révélé qu'une qualité et une innovation durables sont possibles grâce à une compréhension commune des attestations d'études dans leur ensemble et des attentes des étudiants eu égard à chaque niveau d'attestation. Ces éléments sont essentiels à une plus grande confiance en la qualité des attestations d'études postsecondaires de l'Ontario à tous les niveaux; c'est la première étape pour que les établissements, tous ensemble, aillent de l'avant et innovent.

Même si les modèles des autres territoires de compétence sont essentiels pour comprendre les tendances mondiales en matière d'enseignement supérieur et pour mieux connaître les pratiques exemplaires, il est important de se pencher sur le contexte réglementaire dans lequel les nouvelles attestations d'études sont introduites, et de tenir compte du caractère unique du système ontarien. L'Ontario se distingue des autres territoires analysés par son autonomie sectorielle élevée quant à la définition des attestations d'études, des programmes et des processus d'assurance de la qualité. Dans bon nombre d'autres territoires, le gouvernement joue un grand rôle dans la définition et la surveillance des normes minimales de qualité applicables à l'éducation postsecondaire publique. Cette façon de faire a créé un environnement où de nouvelles attestations d'études peuvent être étudiées et introduites suivant une compréhension commune des normes de qualité et suivant la manière dont elles s'inscrivent dans la combinaison d'attestations d'études perçue comme un tout unifié.

En Ontario comme ailleurs, les administrations mettent l'accent sur la coordination et la synergie accrues entre les établissements et les secteurs. La différenciation est perçue comme une approche durable sur le plan fiscal pour soutenir la qualité et l'innovation dans le système d'éducation postsecondaire public. Ici comme ailleurs, le concept de secteurs postsecondaires distincts et séparés (à savoir, formation théorique et formation professionnelle), qui a défini l'éducation postsecondaire au cours de la période d'après-guerre, est remis en question. Les systèmes d'éducation postsecondaire sont de plus en plus coordonnés, intégrés et perçus comme un tout. Les gouvernements travaillent de concert avec les établissements postsecondaires à raffiner les mandats en vue d'améliorer la coordination du système et de tirer profit des forces de chacun.

Tracer un chemin pour l'Ontario

Éducation postsecondaire de haute qualité et innovatrice, représentée par des attestations d'études claires et uniformes

La manière dont l'Ontario peut continuer à offrir une éducation postsecondaire de haute qualité et innovatrice, représentée par des attestations d'études claires et uniformes, est au cœur de nos recommandations.

À l'instar d'autres territoires de compétence du monde, l'Ontario veut consolider les conditions favorisant un système axé sur la qualité. L'augmentation des inscriptions aux études supérieures au cours des trente dernières années cumulée à des ressources publiques restreintes force les établissements postsecondaires à trouver de nouveaux moyens d'offrir des programmes de haute qualité. L'Ontario doit réorienter ses priorités pour être plus flexible et attentif aux besoins des étudiants et aux changements sur le marché du travail.

Pour mettre davantage l'accent sur la qualité, il faut s'attarder tant aux résultats en matière d'apprentissage qu'à ceux sur le marché du travail. Malgré un consensus quant à l'importance des compétences devant être acquises au cours de l'éducation postsecondaire, l'approche des établissements postsecondaires au moment d'évaluer, formellement et systématiquement, l'acquisition d'habiletés cognitives n'est pas uniforme en Ontario. Sans des outils solides d'évaluation de l'acquisition de compétences par les étudiants, les enseignants ne peuvent prouver les répercussions de leur travail sur l'apprentissage ni repérer les lacunes dans les approches actuelles relatives aux cours et à la pédagogie. Étant donné l'ampleur des investissements de l'Ontario dans l'éducation postsecondaire, nous devrions pouvoir déterminer si les étudiants de niveau postsecondaire acquièrent les connaissances et les compétences dont ils ont besoin pour réussir dans leur vie et leur emploi (Weingarten, 2014).

Les étudiants doivent par ailleurs mieux connaître les possibilités d'emploi et de rémunération associées aux domaines dans lesquels ils choisissent d'étudier. Certes, l'Ontario recueille des données sur les étudiants de niveau postsecondaire, mais celles-ci proviennent d'une multitude d'organismes et elles sont difficiles à réunir. Les données publiques sont fragmentées et donc difficiles à comparer. Il est donc ardu pour ceux qui songent à faire des études supérieures de comparer les coûts et les avantages des différents programmes en vue de prendre des décisions éclairées à propos de leur carrière.

Faire de la qualité une priorité pour améliorer les résultats des étudiants sur le marché du travail exige une approche cohérente dans l'ensemble du système, guidée avant tout par les besoins des étudiants, et un engagement commun à favoriser une croissance économique continue et à faire une différence positive dans la vie de tous les Ontariens. On trouve des exemples encourageants dans certains territoires, qui démontrent le succès d'un équilibre entre l'intégrité scolaire et l'amélioration de la transition des étudiants vers le marché du travail. L'autonomie des établissements ainsi que la coordination et l'intégration du système ne sont pas irréconciliables. Partenaires au sein du système, les établissements, le gouvernement et les employeurs collaborent efficacement pour créer une expérience postsecondaire de haute qualité pour les étudiants, qui permettra à ceux-ci de développer les habiletés dont ils ont besoin pour contribuer à la prospérité de l'économie et de la société.

Aperçu des recommandations

Éducation postsecondaire de haute qualité et innovatrice

Renforcer les conditions liées à la qualité

  1. Réaffirmer les résultats d'apprentissage pour l'ensemble du système relativement aux baccalauréats en Ontario
  2. Repenser la combinaison d'attestations d'études comme ensemble intégré en mettant l'accent sur l'articulation et les passerelles pour soutenir la mobilité des étudiants
  3. Créer une approche de la qualité à l'échelle de la province, accompagnée d'un protocole pour l'introduction des nouvelles attestations d'études

Accélérer l'évaluation des résultats d'apprentissage

  1. Soutenir les projets qui favorisent la mesure des résultats d'apprentissage

Améliorer l'accessibilité, l'exhaustivité et la comparabilité des données

  1. Créer un lien entre les données sur les candidats, les inscriptions et les diplômés pour permettre une analyse complète
  2. Harmoniser les pratiques de partage de données avec les engagements du Gouvernement ouvert et du portail Données ouvertes

Permettre une expérimentation plus réfléchie de l'innovation

  1. Établir un programme de recherche et un cadre d'évaluation commun pour cerner et échelonner ce qui fonctionne
  2. Mettre à l'essai des approches innovatrices qui accélèrent l'achèvement du programme et les transitions vers le marché du travail

Faire preuve de transparence pour favoriser la confiance du public

  1. S'assurer que le Cadre de classification des titres de compétence de l'Ontario est un outil d'information complet et à jour à la disposition du public
  2. Créer un tableau de bord en ligne pour permettre aux étudiants de comparer les coûts, la qualité et les résultats sur le marché du travail liés à chaque programme

Renforcer les conditions liées à la qualité du système

Les collèges et les universités de l'Ontario répondent aux besoins des étudiants et du marché du travail et offrent une éducation postsecondaire qui combine des notions théoriques et techniques dans le cadre des programmes de grade en études appliquées. Selon nos recherches, l'offre en matière d'éducation postsecondaire en Ontario peut être renforcée par la réaffirmation que le baccalauréat constitue une attestation d'études de valeur qui peut être obtenue tant au collège qu'à l'université, qui est conforme aux normes pancanadiennes concernant les grades et qui respecte les dispositions de la Loi de 2000 favorisant le choix et l'excellence au niveau postsecondaire. Cela passe obligatoirement par la réaffirmation que les attestations d'études spécialisées se distinguent, tel que le démontre le Cadre de classification des titres de compétence de l'Ontario (niveaux 10 et 11).

On reconnaît aussi de plus en plus que la combinaison d'attestations d'études représente davantage que la somme de ses parties. Le système d'éducation postsecondaire doit fonctionner comme un tout unifié pour soutenir les choix des étudiants, favoriser la mobilité, et donner confiance que tout cheminement choisi mènera au succès. De même, les employeurs et le grand public doivent être convaincus que, peu importe l'établissement ou le secteur choisi, les diplômés entrent sur le marché du travail munis d'attestations d'études postsecondaires publiques de haute qualité. Autrement dit, des principes généraux et une compréhension commune quant à ce que les détenteurs de grade s'attendent à savoir et à faire sont nécessaires, tout comme le maintien des différents mandats et forces de chaque établissement et secteur en Ontario. On ne parle pas d'une convergence des collèges et des universités, mais plutôt d'une utilisation des forces du système pour offrir des attestations d'études qui répondent aux besoins des étudiants et du marché du travail.

Accélérer l'évaluation des résultats d'apprentissage

La qualité doit être au cœur des apprentissages des étudiants, des connaissances et des habiletés pratiques dont ils disposeront à la fin de leur programme d'études (McKiernan, 2013). L'Ontario a de l'expérience dans la définition des résultats d'apprentissage et devrait mettre en place une approche pour mesurer l'atteinte de ces résultats dans ses établissements d'enseignement postsecondaire.

Malgré un consensus quant à l'importance des compétences devant être acquises au cours de l'éducation postsecondaire, les établissements d'enseignement postsecondaire en Ontario n'évaluent pas formellement et systématiquement l'acquisition d'habiletés cognitives. Toutefois, d'importants progrès sont réalisés en ce sens. Effectivement, le Conseil ontarien de la qualité de l'enseignement supérieur (COQES) et un certain nombre d'établissements d'enseignement postsecondaire en Ontario ont formé le Consortium sur l'évaluation des résultats d'apprentissage dans l'objectif de trouver des outils rigoureux et flexibles pour mesurer l'acquisition d'habiletés cognitives chez les étudiants. Il s'agit d'une initiative inestimable pour le système postsecondaire de l'Ontario, et d'autres initiatives semblables doivent être mises de l'avant et encouragées.

Sans des outils solides d'évaluation de l'acquisition de compétences par les étudiants, les enseignants ne peuvent prouver les répercussions de leur travail sur l'apprentissage ni repérer les lacunes dans les approches actuelles relatives aux cours et à la pédagogie. Combinés à un processus d'assurance de la qualité rigoureux et transparent, les résultats d'apprentissage peuvent servir de base à des relations plus solides entre les établissements, et à une meilleure articulation des attestations d'études.

Permettre une expérimentation plus réfléchie

Dans le cadre des ententes de mandat stratégiques, les établissements de l'Ontario ont proposé diverses options pour augmenter la mobilité et les choix des étudiants, y compris des programmes conjoints et élargis, plus d'attestations d'études appliquées du niveau du baccalauréat ainsi que de nouvelles attestations d'études. La plupart de ces propositions émanent du désir de renforcer les liens entre la formation théorique et appliquée, et entre le milieu scolaire et le monde du travail.

Nous sommes d'avis que les expérimentations en cours dans les établissements seront bénéfiques pour la province. Au centre de nos recommandations est la nécessité de faire en sorte que ces expérimentations mettent l'accent sur une recherche ciblée, sur des données qui traitent des résultats concernant les diplômés et des étudiants performants, et sur une approche de mesure des progrès plus efficace.

Améliorer l'accessibilité, l'exhaustivité et la comparabilité des données

Bien que notre analyse offre des constatations importantes qui soulignent les principales lacunes et les occasions potentielles d'amélioration de la combinaison d'attestations d'études de l'Ontario, elle ne peut nous dire tout ce que nous avons besoin de savoir pour répondre à la question de la recherche, à savoir si la combinaison d'attestations d'études axées sur le marché du travail de l'Ontario est appropriée.

Selon les pratiques de partage de données actuelles, il est difficile pour les chercheurs, pour le public et même pour les gouvernements de consulter de l'information sur les résultats associés aux attestations d'études postsecondaires en Ontario. Les données d'indicateurs de rendement clés définissent différemment l'activité des diplômés des collèges et des universités, et aucune définition n'est conforme à celle de Statistique Canada. Ces données nous indiquent seulement ce qui se passe avec les diplômés collégiaux dans les six mois suivant l'obtention de l'attestation, et ce qui se passe avec les diplômés universitaires dans les six mois à deux ans suivant l'obtention de l'attestation. Si l'on veut effectuer une analyse à plus long terme, nous devrons modifier l'ensemble de données et formuler des hypothèses, ce qui entraînera une perte de précision.

Des ensembles de données accessibles, liés et harmonisés seraient utiles aux recherches en matière de politiques, et permettraient à la province d'évaluer plus rigoureusement les résultats et les répercussions en éducation en tenant compte des caractéristiques des étudiants, ainsi que de surveiller les résultats sur le marché du travail de manière cohérente et à plus long terme concernant tous les diplômés ontariens.

Faire preuve de transparence pour favoriser la confiance du public

L'augmentation des inscriptions aux études supérieures au cours des trente dernières années cumulée à la rareté des ressources publiques force les établissements postsecondaires à trouver de nouveaux moyens d'offrir des programmes de haute qualité. Comme l'éducation postsecondaire est un investissement dispendieux, les étudiants, les parents et les gouvernements s'attardent de plus en plus à la qualité des programmes et des établissements ainsi qu'aux résultats sur le marché du travail.

En outre, les étudiants souhaitent mieux connaître les perspectives d'emploi associées aux domaines dans lesquels ils choisissent d'étudier. Certes, l'Ontario recueille des données sur les étudiants de niveau postsecondaire, mais les données publiques sont fragmentées et difficiles à comparer. Il est donc ardu pour ceux qui songent à faire des études supérieures de comparer les coûts et les avantages des différents programmes en vue de prendre des décisions éclairées à propos de leur carrière.


Recommandation 1 : Renforcer les conditions liées à la qualité du système

S'assurer que les attestations d'études en Ontario sont conçues et offertes selon une approche unifiée à l'échelle du système qui favorise une qualité supérieure ainsi que des programmes conjoints et flexibles d'éducation postsecondaire aux niveaux du certificat, du diplôme et des grades. L'approche se fonde sur deux principes généraux :

  • Résultats d'apprentissage à l'échelle du système pour les baccalauréats – Indépendamment du type d'établissement qui l'offre en Ontario, chaque grade doit respecter un ensemble de résultats d'apprentissage substantiel et commun pour porter le titre de baccalauréat.
  • La combinaison d'attestations d'études représente davantage que la somme de ses parties – Même si les collèges et les universités de l'Ontario n'ont pas été conçus en un système intégré, d'importants progrès ont été réalisés pour renforcer les liens entre les secteurs. Non seulement cette collaboration est nécessaire pour soutenir la mobilité des étudiants, elle sert aussi à favoriser une culture d'éducation permanente. Il faut donc envisager la combinaison d'attestations d'études comme un tout unifié pour créer des liens cohérents entre les attestations d'études et entre les secteurs, ainsi que des relations solides entre les établissements, pour que les apprentissages soient transférables, cumulables, flexibles et accessibles.

Qu'ils soient décernés par un collège ou une université, les baccalauréats doivent refléter la même qualité de formation et les mêmes accomplissements pour l'étudiant. L'attribution d'un baccalauréat en Ontario devrait signifier aux étudiants, aux employeurs et au public que le diplômé a acquis les connaissances et les compétences liées à cette formation. De plus, un baccalauréat spécialisé, tel que défini dans le Cadre de classification des titres de compétence de l'Ontario (niveau 11), signifie que le diplômé a atteint « un niveau de sophistication conceptuelle, de connaissance spécialisée et d'autonomie intellectuelle plus élevé que celui associé à un programme de baccalauréat général ».

Un cadre de classification des titres de compétence du niveau de grade réaffirmé en Ontario va de pair avec un cadre stratégique pour la différenciation : les grades offerts et proposés par les établissements devraient être évalués à la lumière de leurs forces démontrées, et dans l'optique d'une coordination unifiée du système d'éducation postsecondaire. Dans ce contexte, il est d'autant plus important de considérer la combinaison d'attestations d'études comme davantage que la somme de ses parties, et de voir que le transfert des crédits joue un rôle crucial pour soutenir la compatibilité et la flexibilité des titres de compétence.

Il doit y avoir un équilibre entre permettre l'innovation, d'une part, et garantir que les attestations d'études postsecondaires en Ontario demeurent de la plus haute qualité et que les ressources publiques sont utilisées efficacement, d'autre part. Même si la combinaison d'attestations d'études actuelle répond aux attentes, nous voyons des occasions de mieux harmoniser les processus d'assurance de la qualité et d'en augmenter la transparence, afin de maintenir le cap sur la qualité et d'améliorer la coordination dans l'examen des nouvelles attestations d'études proposées financées par le public.

1.a. Réaffirmer les résultats d'apprentissage pour l'ensemble du système relativement aux baccalauréats en Ontario

L'Ontario doit réaffirmer les principes établis dans la Déclaration ministérielle sur l'assurance de la qualité des programmes d'enseignement menant à des grades au Canada de 2007 du Conseil des ministres de l'Éducation (Canada), voulant qu'une seule définition de ce qu'est un baccalauréat puisse s'appliquer aux programmes théoriques, de formation professionnelle et en études appliquées de ce niveau. Les baccalauréats doivent répondre à un ensemble commun d'exigences, tout en permettant une certaine spécialisation et sophistication, comme le précisent les résultats d'apprentissage des niveaux 10 et 11 du CCTCO.

En outre, l'Ontario doit réaffirmer que les baccalauréats spécialisés se distinguent, puis élaborer et favoriser une nomenclature qui reflète cette distinction de manière uniforme dans tout le système, pour que les étudiants, les employeurs et les établissements puissent facilement faire la différence entre un baccalauréat et un baccalauréat spécialisé.

Les collèges doivent veiller à ce que les nouveaux programmes menant à un grade dans des domaines d'études appliquées qu'ils proposent soient fondés sur leurs points forts et conformes aux principes du cadre stratégique pour la différenciation, lequel repose sur la qualité (c.-à-d., capacité des établissements, expertise, collaboration) et sur les besoins provinciaux. De plus, les nouveaux programmes menant à un grade devraient être évalués à la lumière de la Loi de 2002 sur les collèges d'arts appliqués et de technologie de l'Ontario, selon laquelle les collèges ont le mandat d'offrir un programme complet d'enseignement et de formation postsecondaires axé sur la carrière. Cela est indispensable au maintien de l'engagement de l'Ontario à répondre aux besoins de tous les étudiants de la province.

La Commission d'évaluation de la qualité de l'éducation postsecondaire devrait conserver son rôle dans l'évaluation de la qualité de tous les grades collégiaux en études appliquées proposés en Ontario, et ses processus d'octroi de consentement devraient être maintenus, en conformité avec la Loi de 2000 favorisant le choix et l'excellence au niveau postsecondaire.

1.b. Repenser la combinaison d'attestations d'études comme ensemble intégré en mettant l'accent sur l'articulation et les passerelles pour soutenir la mobilité des étudiants

Les attestations d'études doivent être mieux intégrées à l'intérieur d'un système d'éducation postsecondaire unique qui transcende les frontières des secteurs collégial et universitaire de la province. En outre, l'Ontario devrait tenter d'élaborer des normes plus claires concernant l'articulation des attestations d'études entre elles pour soutenir la mobilité des étudiants et favoriser une culture d'éducation permanente. L'un des objectifs de ces efforts devrait être d'adopter des principes pour définir des résultats communs qui s'appliqueraient à tous les types d'attestations d'études postsecondaires, en partant de l'idée que les attestations d'études forment un tout unifié, et non deux ensembles distincts (collégial et universitaire). De plus, des procédures devraient être dégagées pour faciliter des voies de transition qui soutiennent véritablement la mobilité des étudiants et l'éducation permanente.

Nous recommandons essentiellement que l'Ontario continue de renforcer son engagement en matière de transfert de crédits, en mettant l'accent sur l'articulation des attestations et sur les passerelles entre les collèges et les universités. En relativement peu de temps, l'Ontario a réalisé d'importants progrès concernant le transfert des crédits, en passant de l'articulation, établissement par établissement et programme par programme, vers une mobilité des étudiants à l'échelle du système. Pour la suite des choses, l'Ontario doit favoriser une reconnaissance plus étendue des principes communs qui sous-tendent la conception des programmes et mettre en place les fondements d'une compréhension partagée des résultats d'apprentissage. Cela permettra la mise en place de voies de transition systémiques et systématiques sur le plan des attestations d'études.

De plus, l'Ontario devrait œuvrer à l'élaboration d'une stratégie concernant les attestations d'études de base et la modularisation des attestations d'études. Dans ce domaine d'expérimentation florissant, on doit explorer davantage les attestations d'études décernées au terme de « blocs » d'apprentissage courts et cumulables, par rapport aux attestations d'études de base qui servent de passerelles et aux attestations pour des études partielles. Cette stratégie devrait être élaborée en même temps qu'un processus d'introduction de nouvelles attestations d'études, comme nous le décrivons plus bas.

1.c. Créer une approche de la qualité à l'échelle de la province, accompagnée d'un protocole pour l'introduction des nouvelles attestations d'études

L'Ontario doit se doter d'une approche coordonnée en matière de qualité, axée sur l'harmonisation et la transparence, en vue de faciliter l'introduction de nouvelles attestations d'études financées par le public. De plus, la province doit s'assurer que les processus d'assurance de la qualité et les mesures en matière de qualité liés à l'éducation postsecondaire publique sont appropriés et transparents, au bénéfice des étudiants et du grand public. Elle devrait aussi explorer les différents besoins des intervenants en vue de rassembler des données utiles, transparentes et comparables sur la qualité, ainsi que d'évaluer où il y aurait place à plus de cohésion et de cohérence entre les trois principaux organismes d'assurance de la qualité.

Les rapports d'assurance de la qualité et les rapports de suivi connexes devraient ultimement être publiés intégralement, et ils devraient être clairs et accessibles à la communauté universitaire, aux partenaires externes (y compris les gouvernements) et aux autres personnes intéressées. Toute décision ou recommandation contenue dans ces rapports devrait pouvoir être trouvée et comprise facilement par le lecteur. Vu le cadre législatif actuellement applicable aux établissements postsecondaires en Ontario, la reconnaissance des établissements admissibles au financement public comme condition à leur agrément devrait continuer d'être la responsabilité du gouvernement.

Visant un équilibre entre la gérance du gouvernement et les pouvoirs des collèges et universités, toutes les parties devraient collaborer à l'élaboration et à la mise en œuvre des nouvelles attestations d'études. Nous recommandons à la province de mettre en place un protocole à l'échelle du système pour une approche plus transparente, collaborative et coordonnée concernant l'élaboration des nouvelles attestations d'études postsecondaires et l'évaluation de l'admissibilité au financement public.

L'objectif de ce protocole serait de garantir que les nouvelles attestations d'études s'inscrivent dans la vision globale du gouvernement concernant l'éducation postsecondaire publique, et que le gouvernement dispose de tous les renseignements nécessaires pour prendre des décisions éclairées.

Ce protocole devrait mettre l'accent sur la collaboration et sur l'échange d'information concernant ce qui suit :

  • harmonisation avec la vision et les priorités de l'Ontario pour le secteur postsecondaire;
  • harmonisation avec les mandats des établissements et du secteur, et prévention de tout chevauchement inutile;
  • articulation des attestations d'études proposées et des attestations d'études existantes dans le Cadre de classification des titres de compétence de l'Ontario (à savoir, est-ce que les résultats d'apprentissage proposés facilitent la mobilité des étudiants?);
  • estimations financières détaillées concernant les coûts de la mise en œuvre et de la prestation continue des attestations d'études;
  • preuves solides quant à la demande chez les étudiants et les employeurs pour de nouvelles attestations d'études;
  • preuves des procédures et des processus d'assurance de la qualité, et quant à la capacité du système et des établissements à décerner les attestations d'études.

Raison d'être

Pourquoi réaffirmer les résultats d'apprentissage pour l'ensemble du système relativement aux baccalauréats en Ontario?

En conformité avec les principes établis dans la Déclaration ministérielle sur l'assurance de la qualité des programmes d'enseignement menant à des grades au Canada du Conseil des ministres de l'Éducation (Canada), une seule définition d'un baccalauréat peut s'appliquer aux programmes théoriques, de formation professionnelle et en études appliquées de ce niveau. Les principes et les composants fondamentaux d'un baccalauréat doivent être maintenus afin de refléter les résultats en matière de qualité et d'apprentissage associés à cette attestation d'études.

Des principes pour l'ensemble du système concernant le baccalauréat, comme l'évaluation axée sur les compétences ou d'autres approches telles que décrites à la recommandation 3.b, ne sont pas une entrave à l'innovation dans la conception et la prestation d'attestations d'études. Il s'agit plutôt de réaffirmer que le baccalauréat représente une formation qui peut être offerte tant par un collège que par une université, avec la même qualité, dans un contexte de différenciation au chapitre des forces et des mandats des établissements.

Une réaffirmation des paramètres établis pour le baccalauréat, tels que décrits aux niveaux 10 et 11 du Cadre de classification des titres de compétence de l'Ontario, favoriserait encore plus l'équité pour l'ensemble des étudiants ontariens qui obtiennent un grade (que ce soit au collège ou à l'université). Dans le cadre de nos consultations auprès des intervenants, nous avons découvert des incohérences dans la nomenclature d'un établissement à l'autre, ce qui entraîne de la confusion à propos de la distinction des baccalauréats spécialisés. Une réaffirmation de cette distinction éclairerait la prise de décisions pour les étudiants, les employeurs et les établissements. Cela devrait s'appliquer à tous les baccalauréats en Ontario, qu'ils soient décernés pour des études appliquées ou non, et il devrait y avoir des lignes directrices et des principes de nomenclature communs pour les collèges et les universités.

Notre analyse nous a permis d'en apprendre beaucoup à propos de la combinaison d'attestations d'études en Ontario, et nous avons découvert des preuves solides que l'éducation postsecondaire demeure un investissement rentable en Ontario. Nous avons pu expliquer en détail comment les taux de rendement de l'éducation varient selon l'attestation d'études et le domaine d'études. Toutefois, des lacunes concernant les données disponibles ont nui à la robustesse de notre analyse : le manque de données combinées sur les demandes et les résultats nous a empêchés d'analyser le rendement des attestations d'études en tenant compte des caractéristiques des étudiants, et le manque de données sur les résultats à long terme a compliqué la recherche de réponses catégoriques sur les transitions vers le marché du travail.

En ce qui a trait à la proposition de Collèges Ontario de décerner des grades pour des programmes de trois ans axés sur le marché du travail, notre analyse ne nous a pas permis de conclure que cela faciliterait la transition des étudiants.

Il est important de souligner qu'il s'agit d'une question complexe, et ce, pour au moins deux raisons. Premièrement, établir si les diplômes de niveau avancé permettent déjà d'atteindre les résultats d'apprentissage du niveau 10 du Cadre de classification des titres de compétences de l'Ontario (CCTCO) n'est possible qu'au moyen d'une évaluation formelle de chaque programme par la Commission d'évaluation de la qualité de l'éducation postsecondaire (CEQEP). Deuxièmement, l'efficacité des programmes de trois ans axés sur le marché du travail menant à un grade est difficile à établir dans le contexte de l'Ontario. En effet, comme il n'y a pas suffisamment de caractéristiques communes entre le système d'éducation ontarien et les systèmes d'éducation des autres territoires de compétence (c.-à-d., structure du système, organisation primaire, secondaire et tertiaire), une véritable comparaison des conclusions est impossible.

Au moyen du cadre stratégique pour la différenciation de l'Ontario, le ministère et les établissements d'enseignement postsecondaire travaillent ensemble en vue d'offrir la meilleure expérience d'apprentissage possible à tous les apprenants qualifiés, une expérience qui est en outre abordable et viable sur le plan financier. Au cœur de l'approche de différenciation figurent la reconnaissance des forces bien établies des établissements et le fonctionnement de ceux-ci comme parties complémentaires d'un tout.

Pourquoi la combinaison d'attestations d'études doit-elle être vue comme un tout unifié?

Selon les conclusions tirées d'examens des modèles d'attestations d'études aux États-Unis (États de Washington, de l'Oregon et du Wisconsin), en Europe (Angleterre et Irlande) et au Canada (Colombie-Britannique et Alberta), les autres systèmes publics d'éducation postsecondaire ont, tout comme celui de l'Ontario, introduit de nouvelles attestations et élargi les pouvoirs de décerner des grades à des établissements autres que des universités, au fil du temps. Dans de nombreux cas, l'élargissement des offres et des mandats a été rendu possible grâce à une surveillance gouvernementale claire des qualifications postsecondaires afin de garantir l'uniformité de leur interprétation et de leur pertinence, ainsi que pour soutenir les liens et les voies de transition entre les qualifications visant à favoriser la confiance, la transférabilité et la comparabilité.

Les établissements mettent actuellement à l'essai divers modèles de composants de base des attestations d'études à l'intention d'un éventail d'apprenants. Aux États-Unis, la modularisation tend à mettre l'accent sur le fait d'accroître la souplesse des formules d'apprentissage destinées aux adultes. Dans d'autres territoires de compétence, les programmes de base sont conçus pour « emboîter » les attestations d'études afin de permettre une transition harmonieuse d'un niveau d'attestation d'études à l'autre. Tant en Europe qu'en Amérique du Nord, divers composants de base d'un baccalauréat sont mis à l'essai, comme le grade de formation initiale au Royaume-Uni et les programmes de deux ans menant à un grade d'associé en études appliquées en Colombie-Britannique. On expérimente aussi beaucoup avec les attestations pour études partielles, qui confirment l'achèvement d'une partie d'un programme de baccalauréat ou de maîtrise. Beaucoup d'incertitude plane encore quant à la manière dont ces tendances évolueront dans la pratique. Nous ne savons pas encore quelles innovations obtiendront les meilleurs résultats. Il est indispensable de s'engager à apprendre des pratiques efficaces, ainsi que de trouver le juste équilibre entre l'instauration d'approches innovatrices et le maintien de l'intégrité et de la crédibilité des attestations d'études postsecondaires en Ontario.

Pourquoi créer une approche de la qualité à l'échelle de la province?

Tous les territoires de compétence examinés harmonisent leurs politiques d'assurance de la qualité avec des critères régionaux (États-Unis), nationaux (Colombie-Britannique et Alberta) ou internationaux (Angleterre et Irlande). Dans tous les territoires examinés, le gouvernement joue un rôle principal dans la définition et la surveillance des normes minimales en matière de qualité applicables à l'éducation postsecondaire publique.

Dans les territoires de compétence où la responsabilité de l'évaluation continue de la qualité des programmes incombe aux établissements, les gouvernements conservent un rôle de surveillance important. Par exemple, la Quality Assurance Agency for Higher Education du Royaume-Uni surveille la conformité des établissements aux attentes en matière d'élaboration et de mise en œuvre de normes pour l'éducation supérieure. Aux États-Unis, même si les organismes régionaux d'agrément peuvent établir leurs propres normes et politiques d'assurance de la qualité, ils doivent aussi répondre aux normes minimales établies par le ministère de l'Éducation fédéral.

L'Ontario est unique en ce sens que le gouvernement confie à chaque secteur postsecondaire (collégial et universitaire) la surveillance de la qualité de ses établissements. Par conséquent, le gouvernement participe un peu moins à la surveillance de la qualité dans le secteur postsecondaire en Ontario que ne le font les gouvernements dans les autres territoires de compétence où il y a un lien clair entre la qualité et le financement public.

En général, l'agrément d'un établissement a tendance à être plus important dans les pays ayant un secteur de l'éducation postsecondaire relativement nouveau ou privé, comme en Amérique et en Europe orientale. Dans certains territoires de compétence européens, l'utilité d'un mécanisme de validation pour les établissements non universitaires (p. ex., collèges, écoles polytechniques, universités de sciences appliquées) qui passent à un statut d'établissement universitaire se fait de plus en plus sentir. Le processus de Bologne a aussi contribué à consolider l'importance des organismes d'agrément, lesquels appartiennent aux territoires de compétence où se déroulent leurs activités, ou sont approuvés par ceux-ci. Aux États-Unis, l'agrément est géré par un réseau décentralisé d'organismes d'agrément non gouvernementaux qui a dû évoluer pour répondre aux besoins d'un vaste secteur privé de l'enseignement supérieur. Comme mentionné précédemment, les gouvernements élaborent les normes à suivre, et les organismes doivent eux-mêmes être attestés par ces gouvernements dans le cadre de processus établis. En Ontario, ce ne sont pas des organismes qui procèdent à l'agrément des établissements; cette fonction relève plutôt, de par la loi, du ministre de la Formation et des Collèges et Universités.


Recommandation 2 : Accélérer l'évaluation des résultats d'apprentissage

Notre analyse des tendances mondiales et de certains territoires de compétence révèle que d'importants progrès ont été réalisés partout dans le monde en vue de la définition des résultats d'apprentissage associés à l'éducation postsecondaire. En Ontario comme ailleurs, la prochaine étape dans la définition des résultats d'apprentissage consistera à déterminer la façon de mesurer ceux-ci avec suffisamment de précision pour générer de l'information pertinente sur l'apprentissage des étudiants et la qualité des programmes, et pour encourager l'amélioration continue.

Dans le cadre de ses travaux portant sur des outils d'évaluation des résultats d'apprentissage, le Conseil ontarien de la qualité de l'enseignement supérieur (COQES) a mis en lumière un certain nombre de constatations pour améliorer la collecte de données (COQES, 2013). Nous recommandons d'accélérer la recherche dans cette veine pour dresser une meilleure analyse de la valeur potentielle de la mise en œuvre plus globale des différentes approches pilotées.

2.a. Soutenir les projets qui favorisent la mesure des résultats d'apprentissage

Actuellement, les établissements d'enseignement postsecondaire de l'Ontario n'évaluent pas de manière formelle l'acquisition des habiletés cognitives de base, des habiletés cognitives de niveau élevé ni des habiletés comportementales qui sont attendues chez les diplômés postsecondaires à la fin de leurs études (Weingarten, 2014).

Des projets pilotes qui testent de nouveaux moyens pour mesurer les apprentissages et l'acquisition des habiletés chez les étudiants seraient utiles à la définition et à la mesure des résultats d'apprentissage. Notamment, l'accent devrait être mis sur ce qui suit, en particulier sur les habiletés de niveau élevé :

  • Habiletés cognitives de base : Les diplômés postsecondaires ont-ils atteint des niveaux de littératie et de numératie adéquats?
  • Habiletés cognitives de niveau élevé : Les diplômés postsecondaires possèdent-ils la pensée critique, la capacité de résolution de problèmes et les compétences en communication attendues après l'obtention de l'attestation d'études?
  • Habiletés comportementales/transférables : Les diplômés postsecondaires disposent-ils des habiletés comportementales que les employeurs recherchent, comme la résilience, l'initiative et l'esprit d'équipe?

L'Ontario est en mesure d'entreprendre ces types de projets. Le COQES détient une expérience considérable dans la conception, la coordination et l'évaluation des projets de recherche visant l'amélioration de la définition et de la mesure de résultats d'apprentissage en Ontario.

D'autres travaux de recherche devraient être menés à partir des leçons apprises des expériences précédentes et être suffisamment harmonisés pour permettre une évaluation comparative. De plus, l'Ontario devrait élaborer une stratégie de mise en œuvre de projet ainsi qu'un cadre d'évaluation commun pour coordonner efficacement ces travaux de recherche.

Les critères de sélection des projets devraient prioriser ce qui suit :

  • Des projets qui intègrent des mesures des résultats d'apprentissage dans la conception du curriculum et dans les évaluations des programmes et des cours, et qui produisent des résultats en matière de qualité pour permettre de suivre les progrès au fil du temps.
  • Des projets conjoints où plusieurs établissements collaborent pour concevoir, mettre en œuvre et évaluer un outil de mesure commun.
  • Des projets qui estiment les répercussions de l'éducation postsecondaire sur l'acquisition de compétences par l'intégration de mesures des résultats d'apprentissage avant et après.

Raison d'être

Les résultats d'apprentissage présentent ce que les étudiants devraient savoir et pouvoir faire après une certaine période d'apprentissage (Lennon et autres, 2014). Pouvoir mesurer et évaluer si les étudiants apprennent véritablement ce qu'ils sont censés apprendre contribue à ajouter de la valeur de différentes manières :

  • Les étudiants et leurs parents peuvent prendre des décisions plus éclairées à propos de leurs investissements, et les employeurs voient plus clairement quelles compétences sont acquises dans les établissements.
  • L'évaluation des résultats d'apprentissage peut mener à une augmentation de la qualité des expériences d'apprentissage des étudiants en améliorant l'enseignement et la formation, ainsi qu'en favorisant l'amélioration continue.
  • L'évaluation des résultats d'apprentissage peut mener à se concentrer davantage, dans les programmes d'éducation postsecondaire, sur les compétences les plus pertinentes pour le marché du travail du 21e siècle.
  • Tout au long des programmes, les progrès des étudiants peuvent être clairement suivis; ainsi, ceux qui ont de la difficulté peuvent recevoir de l'aide ciblée.
  • Les résultats d'apprentissage peuvent rendre les mécanismes de reddition de comptes et d'assurance de la qualité des établissements plus transparents.
  • Cela peut contribuer à la mobilité des étudiants en favorisant la transparence ainsi que la confiance entre les établissements;
  • Ils peuvent servir à planifier le curriculum, en clarifiant en quoi les différents cours se complètent pour créer un programme menant à une attestation d'études.

L'idée de mettre en œuvre les expérimentations plus globalement et de mesurer les répercussions sur l'apprentissage pour un éventail d'établissements est attirante. En effet, il serait utile d'avoir des données comparables sur les résultats d'apprentissage atteints dans les différents programmes et établissements.


Recommandation 3 : Permettre une expérimentation plus réfléchie de l'innovation dans les méthodes de conception des attestations d'études postsecondaires et de prestation des programmes connexes

Des innovations dans la conception et l'offre des attestations d'études peuvent permettre d'accélérer la transition des étudiants vers le marché du travail. Des projets pilotes conçus pour favoriser l'innovation à l'échelle du système, soutenus par un cadre d'évaluation commun, permettront de garantir que l'expérimentation se fait suivant une vision unique quant à la qualité et aux résultats des étudiants.

3.a. Établir un programme de recherche et un cadre d'évaluation commun pour cerner et échelonner ce qui fonctionne pour faciliter la transition vers le marché du travail

Nous recommandons à l'Ontario d'établir un programme de recherche pour cerner et échelonner les innovations prometteuses qui permettraient d'accélérer la transition des étudiants vers le marché du travail.

Ce programme servirait de guide pour mieux comprendre l'efficacité relative des processus actuels de conception et d'offre d'attestations d'études, et mieux cerner les mesures à prendre pour améliorer le système au bénéfice des étudiants. Les projets pilotes dont il est question plus haut (voir 2.a.) et ci-dessous (voir 3.b.) fourniraient des renseignements cruciaux pour le programme de recherche.

Le programme de recherche devrait :

  1. Dresser une liste claire des objectifs de recherche et élaborer un plan pour une meilleure compréhension de ce qui fonctionne pour faciliter les transitions des étudiants.
  2. Tenir compte de l'expertise et des besoins des étudiants, des employeurs, des établissements et du gouvernement de l'Ontario.
  3. Inclure un cadre d'évaluation et de surveillance commun.
  4. Présenter des recommandations sur les moyens de faciliter la transition des étudiants vers le marché du travail.

3.b. Mettre à l'essai des approches innovatrices qui accélèrent l'achèvement du programme et les transitions vers le marché du travail

Diverses méthodes et innovations prometteuses à l'égard de la conception des attestations d'études postsecondaires et de la prestation des programmes connexes pourraient être mises à l'essai :

  • Des programmes conjoints dans le cadre desquels les étudiants acquièrent une combinaison de compétences techniques et cognitives poussées et qui accélèrent la transition des étudiants vers le marché du travail, en misant sur les forces des différents établissements.
  • La prestation axée sur les compétences et des outils destinés à aider les étudiants à définir les compétences acquises :
    • des méthodes pour documenter et évaluer l'acquisition de compétences afin d'aider les étudiants à présenter leurs compétences aux employeurs, notamment des badges numériques et des portfolios en ligne;
    • une prestation axée sur les compétences dans le cadre de laquelle les attestations d'études sont délivrées en fonction des compétences acquises plutôt que des crédits accumulés.
  • Diverses formes d'apprentissage intégré au travail, notamment :
    • des placements traditionnels dans des programmes d'apprentissage intégré au travail, comme l'apprentissage par l'engagement communautaire, les formations en apprentissage, les stages et les programmes coopératifs;
    • des projets de recherche appliquée;
    • des partenariats entre employeurs et établissements comprenant l'élaboration de curriculums conjoints d'envergure ainsi que des engagements financiers et non financiers à long terme de la part des employeurs.
  • Compte tenu du mandat des collèges visant à soutenir l'éducation des adultes, l'Ontario devrait envisager de nouvelles approches à l'égard du perfectionnement professionnel et de la formation connexe.
    • Pour que davantage d'adultes obtiennent les attestations d'études postsecondaires exigées par les employeurs, l'Ontario devrait envisager l'élaboration de programmes de formation modulaires menant à des attestations cumulables de courte durée.
    • Ces programmes auraient plusieurs points d'entrée et de sortie et seraient élaborés de façon à répondre aux besoins des employeurs dans certains secteurs où la demande est élevée ainsi qu'aux besoins des adultes qui désirent entreprendre des études postsecondaires tout en travaillant.

Les principes suivants devraient guider la mise à l'essai et l'évaluation rigoureuse des projets :

  • Les propositions devraient préciser clairement comment sera facilitée la transition des étudiants, que ce soit en accélérant l'achèvement du programme ou en accélérant l'obtention d'un emploi après les études.
  • Les propositions devraient mettre en lumière le caractère éventuellement généralisable des constatations pour guider l'innovation à l'échelle du système, notamment par une analyse de la mise à l'essai, le cas échéant, d'innovations similaires dans d'autres établissements en Ontario et par une explication de la façon dont les propositions miseront sur les recherches antérieures. Le processus de sélection devrait favoriser les consortiums d'établissements, ou les soumissionnaires qui peuvent autrement prouver le caractère évolutif et généralisable de leur proposition.

Raison d'être

Notre analyse régionale a révélé que l'amélioration des voies de transition pour les étudiants est un défi commun à de nombreux territoires de compétence. Par conséquent, d'autres territoires étudient aussi de nouvelles méthodes de conception des attestations d'études postsecondaires et de prestation des programmes connexes qui accélèrent la transition des étudiants vers le marché du travail.

Un nombre considérable de projets d'innovation et d'expérimentation sont menés en Ontario et ailleurs dans le monde dans le but de mieux comprendre la transition des étudiants vers le marché du travail. Dans le cadre des ententes de mandat stratégiques, les établissements de l'Ontario ont proposé diverses options pour augmenter la mobilité et les choix des étudiants, y compris des programmes conjoints et élargis, plus d'attestations d'études appliquées du niveau du baccalauréat ainsi que de nouvelles attestations d'études modularisées.

Par contre, cette expérimentation se fait souvent de façon isolée, non coordonnée avec les activités de recherche en cours dans le système. Les possibilités d'orienter les travaux de recherche de façon à maximiser l'apprentissage sont nombreuses. L'apprentissage et une mise en œuvre plus globale pour faciliter la transition des étudiants vers le marché du travail devraient être au cœur des priorités liées au secteur de l'éducation postsecondaire de l'Ontario dans les années à venir. Il s'agit d'une tâche que ni l'un ni l'autre des secteurs ne peut accomplir seul.

Les initiatives centrées sur la collaboration, la prestation axée sur les compétences et l'apprentissage intégré au travail sont des expériences qui pourraient s'avérer fructueuses. La voie la plus prometteuse consiste à évaluer rigoureusement ces diverses options de conception et de prestation.

Recommandation 4 : Améliorer l'accessibilité, l'exhaustivité et la comparabilité des données

Fort de ses réalisations quant à la mesure du rendement de l'éducation postsecondaire au cours des dernières décennies, l'Ontario devrait établir un processus pour améliorer l'accessibilité, l'exhaustivité et la comparabilité des données sur les candidats, les étudiants et les diplômés du secteur postsecondaire afin d'assurer la surveillance du système et de mieux en évaluer l'efficacité.

4.a. Créer un lien entre les données sur les candidats, les inscriptions et les diplômés pour permettre une analyse complète

L'Ontario devrait mettre en place un processus pour créer un lien entre les données tirées des demandes d'admission, des sondages sur la satisfaction des étudiants et des enquêtes auprès des diplômés, comme le font de nombreux autres territoires de compétence tels que la Colombie-Britannique et le Royaume-Uni.

I. Créer un lien entre les données administratives des établissements et les données provenant de l'impôt sur le revenu

L'Ontario devrait appuyer les mesures déjà mises en œuvre dans le cadre de l'Initiative de recherche sur les politiques de l'éducation, mesures qui visent à créer un lien entre les données administratives des établissements et les données provenant de l'impôt sur le revenu détenues par Statistique Canada. L'Université d'Ottawa l'a déjà fait, et douze autres universités lui ont emboîté le pas. En raison du taux très élevé de production de déclarations de revenus au Canada, cette méthode pourrait fournir de l'information sur le revenu à long terme de la grande majorité des diplômés postsecondaires.

II. Harmoniser les enquêtes auprès des diplômés des collèges et des universités en vue d'une analyse à l'échelle du système

Compte tenu de l'évolution des enquêtes auprès des diplômés des collèges et des universités, l'Ontario devrait chercher à harmoniser celles-ci pour permettre l'analyse à l'échelle du système.

  • Harmoniser les questions des enquêtes auprès des diplômés des collèges et des universités. Les questions des enquêtes devraient être harmonisées, lorsqu'il y a lieu de le faire. Les formulaires devraient comprendre un ensemble de questions clés identiques destinées tant au secteur collégial qu'universitaire (ce serait les « questions secondaires » qui permettraient d'aborder les points propres à chaque secteur). Les enquêtes devraient être menées après le même délai suivant l'obtention de l'attestation d'études.
  • Harmoniser la conception des enquêtes et de l'échantillonnage. On devrait recourir aux mêmes techniques pour accroître les taux de réponse et assurer la représentativité. La conception des enquêtes pourrait s'inspirer de l'Enquête nationale auprès des diplômés (END), dans le cadre de laquelle les mêmes questions sont posées aux diplômés des collèges et des universités, après le même délai suivant l'obtention de l'attestation d'études. La technique d'échantillonnage employée devrait permettre la production de rapports à l'échelle des programmes, comme c'est le cas entre autres en Colombie-Britannique et au Royaume-Uni.
  • Mettre au point une enquête auprès des employeurs pour les diplômés universitaires. Une enquête auprès des employeurs pour les diplômés universitaires devrait être élaborée. Si une telle enquête était mise au point, des mesures devraient être prises pour veiller à l'harmonisation des enquêtes afin de permettre la comparabilité entre les secteurs universitaire et collégial.
  • Évaluer la pertinence des questions. Déterminer si des questions sur la santé, l'emploi envisagé, la rémunération autre que monétaire et la satisfaction de vivre (comme celles de l'END) devraient être ajoutées aux enquêtes d'indicateurs de rendement clés auprès des diplômés. Évaluer continuellement s'il y a lieu de supprimer les questions jugées moins pertinentes par les intervenants et les experts du système.
  • Ajouter un « thème » annuel aux questions d'enquête pour permettre l'analyse des affaires courantes. Intégrer annuellement, aux enquêtes auprès des étudiants et des diplômés des collèges et des universités, un sous-ensemble de questions pour étudier les affaires courantes et les perspectives communes aux établissements. Le thème serait choisi de façon collaborative en fonction des priorités du moment.

Les modifications aux enquêtes existantes devraient faire l'objet d'analyses pour évaluer leur incidence sur la comparabilité des données tirées des versions antérieures par rapport à celles de la nouvelle version.

III. Se servir des données pour surveiller régulièrement le rendement du système

L'Ontario devrait envisager la production d'un rapport annuel qui présenterait les tendances observées à l'égard de diverses questions. Ce rapport pourrait par exemple présenter le revenu moyen, le taux de chômage, le taux d'activité et la parenté entre l'emploi et les études, selon le type d'attestation d'études, le domaine, le territoire de compétence et d'autres catégories importantes. Si un thème annuel était ajouté aux enquêtes auprès des diplômés, une analyse de la question pourrait être présentée dans ce rapport annuel.

4.b. Harmoniser les pratiques de partage de données avec les engagements du Gouvernement ouvert et du portail Données ouvertes

L'Ontario devrait élaborer et appliquer un protocole de partage des données définissant les obligations en matière de collecte, de conservation et d'accès relativement aux données sur les résultats des candidats, des étudiants et des diplômés, afin de rendre ces dernières plus accessibles et transparentes pour le public, les chercheurs, les intervenants et le gouvernement.

Ce protocole devrait être élaboré collectivement par toutes les organisations concernées, y compris les centres de demande d'admission aux études postsecondaires, Collèges Ontario, le Conseil des universités de l'Ontario de même que les ministères provinciaux et fédéraux pertinents.

Le protocole de partage devrait établir clairement les obligations individuelles et collectives de chaque partie pour veiller à ce que l'écosystème des données sur l'éducation postsecondaire respecte les principes du Gouvernement ouvert et du portail Données ouvertes. Les propositions ci-dessous devraient notamment être intégrées au protocole.

  • Normes de service et principes directeurs pour les demandes d'accès à des données et leur utilisation – Produire un code de conduite décrivant clairement les procédures d'accès aux données et d'utilisation de celles-ci par le public, les chercheurs et le gouvernement, y compris une charte des normes de service, un énoncé de principes du service et des instructions étape par étape pour les personnes demandant à utiliser les données.
  • Guichet unique – Établir un guichet unique pour toutes les demandes d'accès à des données, afin de réduire les frais de transaction des chercheurs qui s'intéressent au système postsecondaire de l'Ontario.
  • Prix juste – Les droits d'accès aux données devraient simplement assurer le recouvrement des coûts.
  • Mesures de protection de la vie privée – Le protocole de partage des données devrait prévoir des mesures claires de protection de la vie privée.

Raison d'être

Ensembles liés de données sur le système et sur l'impôt

Les données liées rendent possibles des recherches stratégiques qui ne pourraient être faites autrement. Par exemple, des données liées permettraient aux chercheurs de produire des analyses qui tiennent compte du rôle de la préparation des étudiants dans les résultats différentiels obtenus sur le marché du travail selon l'attestation d'études. Il serait également utile d'étudier les différences de revenu entre les attestations d'études en fonction de caractéristiques antérieures aux études postsecondaires, afin de mieux comprendre les différences entre les résultats sur le marché du travail d'une attestation à l'autre. Ce type d'analyse n'est possible que si l'on dispose de données liées sur les demandes, les inscriptions et les résultats des diplômés.

L'évaluation des résultats à long terme de tous les diplômés de l'Ontario sur le marché du travail est essentielle, étant donné que la transition vers l'emploi est, comme on l'a vu, un maillon faible du système. Lier les données administratives des établissements aux données sur l'impôt permettrait également d'obtenir de précieux renseignements. Bien que l'END fournisse quelques renseignements utiles, elle ne convient pas à une surveillance à long terme, étant donné qu'elle porte sur très peu de diplômés de l'Ontario et qu'elle considère les diplômés collégiaux comme un groupe homogène, sans tenir compte des différentes attestations d'études.

Harmonisation des sondages auprès des diplômés pour améliorer leur comparabilité

En harmonisant les sondages auprès des diplômés, on améliore notre capacité d'analyser le système postsecondaire dans son ensemble. Comme les programmes conjoints, les ententes de transfert de crédits et le nombre croissant d'étudiants qui poursuivent des études d'abord au collège, puis à l'université accentuent l'intégration des secteurs collégial et universitaire, les analyses systémiques deviennent de plus en plus importantes.

En raison de leur évolution indépendante et d'approches sectorielles distinctes, le Sondage sur la situation professionnelle et la satisfaction des diplômés (SSPSD) et l'Enquête auprès des diplômés des universités de l'Ontario (EDUO) se prêtent mal à une comparaison exhaustive. Les différences essentielles sont présentées ci-dessous.

  • Formulation des questions – Les questions et les choix de réponse destinés à mesurer un même facteur varient légèrement d'un questionnaire à l'autre.
  • Taux de participation – Le taux de participation au SSPSD est d'environ 70 %, alors que le taux de participation à l'EDUO est d'environ 35 %. Cet écart laisse entrevoir la possibilité d'un biais de non-réponse différent d'un sondage à l'autre.
  • Délai après l'obtention de l'attestation d'études – Le SSPSD est réalisé six mois après l'obtention de l'attestation d'études, alors que l'EDUO l'est environ deux ans après.
  • Type – Le SSPSD est un sondage téléphonique, alors que l'EDUO est un questionnaire rempli dans une très grande mesure en ligne ou en version papier.

Il est également crucial de mettre au point une enquête auprès des employeurs pour les diplômés universitaires. Bien que la volonté de trouver un bon emploi ne soit pas la seule raison qui amène les étudiants à fréquenter l'université, les données montrent qu'il s'agit du principal motif (Harmon et autres, 2014). Si les étudiants fréquentent l'université en partie pour décrocher un bon emploi et avoir un revenu confortable, il est important de comprendre dans quelle mesure les universités permettent d'atteindre ces objectifs, du point de vue des étudiants comme des employeurs.

Enfin, les enquêtes annuelles auprès des diplômés sont plus utiles aux chercheurs, aux établissements et au gouvernement lorsqu'elles évoluent et s'adaptent aux besoins, aux limites et aux priorités du système. Il serait possible, en actualisant annuellement un sous-groupe de questions, communes aux deux enquêtes et basées sur les affaires courantes du secteur de l'éducation postsecondaire en Ontario, de répondre à des questions pertinentes en temps opportun.

Rendre les données sur l'éducation postsecondaire plus transparentes et accessibles

Selon les pratiques de partage des données actuelles, il est difficile pour les chercheurs, pour le public et même pour les gouvernements de consulter de l'information sur les résultats associés aux attestations d'études postsecondaires en Ontario. Les données sont conservées par différentes organisations, chacune ayant son propre protocole d'accès à l'information.

Ce type de fragmentation entraîne des retards et crée des entraves financières inutiles pour les chercheurs indépendants qui procèdent à des analyses globales du système d'éducation postsecondaire de l'Ontario.

Le gouvernement de l'Ontario a récemment pris l'engagement de rendre les données ouvertes et accessibles. Il a ainsi lancé, en 2013, l'Initiative pour un gouvernement ouvert, confirmant son engagement à améliorer la transparence, l'accès aux données et la capacité du public à interagir avec le gouvernement (Bureau du premier ministre, 2013).

Dans son rapport de 2014, l'Équipe pour la participation au gouvernement ouvert recommande que les données gouvernementales soient publiées rapidement et dans un format accessible, non exclusif et correspondant aux pratiques exemplaires, et qu'elles soient consultables sans frais. Le rapport recommande de plus que ces pratiques soient étendues au secteur parapublic (Équipe pour la participation au gouvernement ouvert, 2014).


Recommandation 5 : Améliorer la transparence pour favoriser la collaboration et renforcer la confiance du public

Les établissements d'enseignement postsecondaire de l'Ontario recueillent et analysent un ensemble varié de données sur la qualité, la satisfaction des étudiants et la réussite des diplômés relativement à leur programme. Cependant, une partie de ces données n'est pas rendue publique, ni même parfois transmise au gouvernement. Des données plus transparentes et dans des formats plus conviviaux sur les qualifications postsecondaires et la réussite des diplômés renforceraient la collaboration entre les intervenants du système postsecondaire ainsi que la confiance du public dans les attestations d'études de la province.

5.a. S'assurer que le Cadre de classification des titres de compétence de l'Ontario est un outil d'information complet et à jour à la disposition du public

Nous recommandons que l'Ontario établisse des lignes directrices concernant le Cadre de classification des titres de compétence de l'Ontario (CCTCO), afin de veiller à ce que celui-ci soit à jour et qu'il tienne compte de toutes les attestations d'études postsecondaires de la province. Nous proposons particulièrement la recommandation ci-dessous.

  • Ajouter immédiatement les attestations d'études universitaires actuellement absentes du CCTCO, par exemple le certificat de premier cycle et le diplôme de cycle supérieur.

Pour que le CCTCO soit un outil d'information efficace pour les étudiants, les autres intervenants du système d'éducation postsecondaire, les employeurs et le grand public, l'Ontario doit envisager diverses façons de s'assurer que sa forme et son contenu sont accessibles, et y joindre des renseignements utiles aux différents utilisateurs. Nous croyons qu'il serait opportun de structurer ces renseignements en un tableau de bord en ligne (voir le point 5b ci-dessous) afin de permettre aux étudiants qui examinent les choix de programmes de comprendre les distinctions importantes entre les différents types d'attestation d'études.

La nomenclature du Cadre de classification des titres de compétence de l'Ontario devrait être appliquée uniformément aux processus des secteurs pour la dénomination des attestations d'études, y compris en ce qui a trait à la spécialisation (voir 1.a), ainsi qu'aux autres politiques de nomenclature, comme le Cadre d'élaboration des programmes d'études : directive exécutoire du ministère.

5.b. Créer un tableau de bord en ligne pour permettre aux étudiants de comparer les coûts, la qualité et les résultats sur le marché du travail liés à chaque programme

L'Ontario devrait concevoir un outil Web permettant aux étudiants éventuels de comparer les programmes postsecondaires en fonctions de différents indicateurs, comme le coût, la qualité et les résultats sur le marché du travail.

Il serait possible de tirer parti des données exhaustives et de grande qualité déjà recueillies par les collèges et les universités de la province pour mettre sur pied cet outil d'information. L'Ontario devrait aussi examiner les techniques d'échantillonnage employées dans les enquêtes auprès des étudiants et des diplômés postsecondaires de la province pour déterminer si celles-ci doivent être modifiées afin d'obtenir un échantillon représentatif de la satisfaction relative aux programmes et des résultats sur le marché du travail des diplômés de chaque programme.

Une attention particulière devrait être portée à la façon dont les différents éléments d'information sur les programmes sont organisés et présentés, en tenant compte des recommandations ci-dessous.

  • Créer un guichet unique d'information sur les programmes. Les étudiants devraient pouvoir comparer toutes les données sur les collèges et les universités sur un seul site Web convivial. Le ministère, les collèges et les universités devraient collaborer pour intégrer à cet outil complet les meilleures caractéristiques de leurs outils respectifs de planification de l'éducation.
  • Comparer chaque programme. Pour être le plus utiles possible aux étudiants potentiels, la qualité des programmes et les résultats sur le plan de l'emploi devraient être fournis pour chaque programme d'études et présentés par établissement.
  • Présenter des données séparées pour les hommes et les femmes. Les indicateurs de qualité des programmes et de réussite sur le marché du travail des hommes et des femmes devraient être présentés séparément.
  • Tenir compte des différences régionales dans la présentation des données sur le marché du travail. L'outil devrait tenir compte du marché du travail local pour assurer une comparaison équitable des établissements.
  • Permettre aux étudiants de personnaliser les critères de recherche. Les étudiants devraient être en mesure de personnaliser leur recherche de façon à pouvoir comparer les programmes en fonction des indicateurs les plus importants pour eux.

Raison d'être

Aujourd'hui, obtenir un bon emploi et toucher un revenu adéquat sont les raisons de fréquenter un établissement d'enseignement postsecondaire les plus souvent citées par les étudiants et leurs parents (Harmon et autres, 2014; Prairie Research Associates, 2013).

Il est certain que l'obtention d'une attestation d'études postsecondaires améliore grandement les perspectives d'emploi des diplômés, mais la qualité et les programmes d'un établissement sont des facteurs de plus en plus importants pour les étudiants qui prennent une décision sur leur avenir professionnel. De nombreux indices laissent croire que les résultats sur le marché du travail des diplômés postsecondaires varient considérablement d'un domaine d'études à l'autre (Tal et Enenajor, 2013; SRSA, 2014).

Notre étude des tendances mondiales et des autres territoires de compétence nous permet d'affirmer que l'Ontario est un chef de file en ce qui a trait à la quantité et à la qualité des données recueillies sur l'éducation postsecondaire. Les données publiques sont toutefois fragmentées et difficilement comparables. Il est donc ardu pour les étudiants de comparer les coûts et les avantages des différents cheminements de carrière. Par conséquent, nous concluons qu'il est possible d'en faire plus pour tirer un meilleur parti des données que l'Ontario recueille déjà.