L’objectif de ce projet était de mener une étude de recherche et de rédiger un rapport contenant des options et des recommandations, afin de déterminer si la combinaison d’attestations d’études axées sur le marché du travail au sein du système public d’éducation postsecondaire de l’Ontario était appropriée pour répondre aux besoins des étudiants et du marché du travail.
Au sein des pays développés, le contexte de l’enseignement supérieur est en pleine transformation : les régions adaptent leurs systèmes d’éducation postsecondaire pour régler les questions liées aux nouvelles tendances d’inscription, à la croissance de l’économie du savoir, aux demandes changeantes du marché et aux restrictions budgétaires à la hausse (Altbach, Reisberg et Rumbley, 2010).
La participation et les inscriptions à l’enseignement supérieur ont augmenté de façon considérable au cours des 100 dernières années, surtout depuis 1970. L’expression « massification de l’enseignement supérieur » (Trow, 1974) est communément utilisée pour expliquer l’évolution vers un accès accru à l’enseignement supérieur en général, ainsi que le rôle joué par les collèges et les universités dans le progrès social et économique.
Avec l’augmentation de la participation, les données démographiques de la population étudiante se diversifient grandement. Le nombre de femmes, de minorités visibles, d’étudiants de couches socio-économiques inférieures, d’étudiants plus âgés qui retournent aux études pour des attestations additionnelles, d’étudiants à temps partiel et d’autres étudiants qui n’ont pas fréquenté un collège ou une université de manière classique représente la vaste majorité du nombre accru d’inscriptions. Ce changement du profil des étudiants engendre la nécessité de leur offrir de nouveaux services afin de répondre à des besoins de plus en plus diversifiés. Il ne suffit plus aux établissements d’ouvrir leurs portes; ils doivent aussi adapter leurs services, leurs mesures de soutien et leurs approches de l’enseignement à la diversification des étudiants.
De plus, l’un des principaux objectifs des systèmes d’éducation postsecondaire est d’aider à répondre aux besoins actuels et futurs en matière de talents et de compétences afin de demeurer compétitif dans une économie qui évolue rapidement. Les importantes augmentations dans la participation à l’éducation postsecondaire sont vues comme corollaires nécessaires au développement économique et social moderne qui exige une population hautement qualifiée et éduquée. Bon nombre d’emplois qui ont déjà nécessité une main-d’œuvre relativement peu qualifiée ont été transformés par la technologie en postes de plus en plus sophistiqués. Ceux-ci exigent des connaissances techniques à jour et des capacités avancées de résolution de problèmes (Burning Glass Technologies, 2014).
La participation de masse a entraîné un intérêt accru pour la qualité et les résultats de l’enseignement supérieur (Neave, 2012; Neave, 1988). Les employeurs veulent s’assurer que les diplômés ont les connaissances, les compétences et l’attitude nécessaires pour leur milieu de travail et que les résultats sont uniformes parmi les diplômés des programmes semblables. Au fur et à mesure que les coûts de l’éducation postsecondaire augmentent, les étudiants veulent s’assurer que les programmes dans lesquels ils investissent leurs ressources sont de haute qualité et qu’ils les prépareront à atteindre leurs objectifs d’emploi.
Les gouvernements, eux aussi, attendent des établissements d’enseignement postsecondaire qu’ils rendent compte de leur utilisation des fonds publics et de leur soutien au développement économique et social dans le cadre de l’éducation postsecondaire de haute qualité. Par conséquent, les employeurs, les étudiants et les gouvernements souhaitent comprendre davantage les résultats de l’éducation (Harmon et autres, 2014; Tremblay et autres, 2012). En outre, le besoin de faciliter la mobilité des étudiants et des travailleurs a mené à l’élaboration de cadres d’attestations d’études et de normes de programmes. De plus, l’accent a été mis sur l’articulation des résultats d’apprentissage, tant pour les attestations d’études que pour les programmes (BCCAT, 2014; Carter et autres, 2011).
L’accès accru à l’éducation postsecondaire, les attentes de plus en plus élevées quant à la façon dont les établissements soutiennent les étudiants ainsi que l’éventail plus large des résultats sociaux et économiques ont poussé certaines régions à adapter leurs systèmes afin que différents établissements ou groupes d’établissements jouent des rôles distincts. Cette démarche a donné lieu à l’émergence de nouveaux types d’établissements et à leur spécialisation accrue. Citons notamment l’augmentation du nombre d’établissements exclusivement axés sur l’enseignement (Tremblay et autres, 2012; Clark et autres, 2009). La tendance globale veut que le secteur postsecondaire dans son ensemble assume plus de responsabilités quant aux personnes qu’il éduque et à quelles fins, alors que chaque établissement a des mandats de plus en plus précis.
En plus de s’orienter vers une plus grande différenciation des établissements d’enseignement postsecondaire, de nombreuses régions ont élargi leur offre d’attestations d’études, notamment celles conçues pour répondre aux besoins du marché du travail. Bon nombre de nouvelles attestations conçues et offertes par les collèges et les universités sont axées sur la profession. En effet, elles associent les compétences génériques, comme la pensée, les communications et la résolution de problèmes, à l’application de compétences professionnelles.
Ce contexte de changement aide à comprendre l’évolution du système d’éducation postsecondaire de l’Ontario. Le nombre d’inscriptions à l’éducation postsecondaire a augmenté de façon exponentielle depuis plusieurs dizaines d’années et, comme pour les autres régions, on note un accent accru mis sur l’évaluation et l’assurance de la qualité de façon transparente. On s’entend aussi pour dire qu’on assiste à une évolution vers une économie du savoir en Ontario et à un changement connexe des compétences exigées de la main-d’œuvre au cours de la même période.
En 2012, le ministère de la Formation et des Collèges et Universités a exprimé son intention de transformer le système public d’enseignement supérieur de l’Ontario. Cette annonce a été faite en réponse au changement du contexte mondial des systèmes d’éducation postsecondaire ainsi qu’aux réalités économiques, sociales et d’apprentissage des étudiants en constante évolution.
À la suite d’une série de consultations avec le secteur collégial et universitaire, le ministère a publié le Cadre stratégique de l’Ontario pour la différenciation du système d’éducation postsecondaire en novembre 2013. Le cadre fait de la différenciation le principal facteur stratégique du système, avec comme objectif primordial de miser sur les forces bien établies des établissements, leur permettant de travailler ensemble comme parties complémentaires d’un tout, et d’offrir aux étudiants un accès abordable à l’ensemble du continuum des occasions d’études professionnelles et universitaires requises pour prospérer dans notre monde contemporain. Après la publication du cadre stratégique pour la différenciation, les collèges et les universités ont signé des EMS avec le ministère afin de respecter les directives établies dans le cadre définitif.
La question des options élargies en matière d’attestations est apparue de façon récurrente pendant le processus de consultation, les négociations d’EMS et les discussions de suivi. La combinaison actuelle d’attestations d’études postsecondaires de l’Ontario est un élément important de la mise en œuvre, par le ministère, de la politique visant à accroître la différenciation entre les établissements.
En avril 2014, le ministère a demandé à la SRSA de mener un examen fondé sur les données probantes de la combinaison d’attestations d’études de l’Ontario et de répondre à la question suivante :
La combinaison d'attestations d'études axées sur le marché du travail au sein du système public d'éducation postsecondaire de l'Ontario offre-t‑elle suffisamment d'options et de possibilités pour garantir des résultats positifs pour les étudiants et sur le marché du travail qui favoriseront la productivité et la compétitivité économiques de la province?
Le présent rapport contient des constatations détaillées tirées de notre analyse de la combinaison d’attestations d’études actuelle de l’Ontario. Notre approche de la recherche se basait sur quatre axes d’enquête principaux :
Cette approche nous a permis de présenter une analyse poussée des éléments qui fonctionnent bien, des possibles lacunes et des occasions possibles d’amélioration du système.
L’objectif du présent rapport est de communiquer les constatations tirées de notre recherche. Les 11 questions suivantes ont orienté la rédaction du rapport :
Qu’est-ce que les données sur les résultats des diplômés nous apprennent?
Quels sont les besoins des employeurs?
Que disent les intervenants et les experts du système?
Que pouvons-nous apprendre des autres régions ainsi que des tendances et des propositions en Ontario?
L’information que nous avons utilisée pour répondre à chaque question directrice provient des trois principales sources ci-dessous :
1. Données d’enquête et de sondage
2. Employeurs
3. Étudiants et intervenants du système
Nous avons consulté un grand nombre de groupes d’intervenants, y compris :
Nous avons aussi ajouté à notre analyse un examen des études pour trouver les données probantes d’autres experts et commentateurs du système.
4. Régions
L’analyse interrégionale englobait sept régions :
L’examen porte sur les attestations d’études liées au marché du travail (diplômes, diplômes de niveau avancé, certificats d’après diplôme et grades) de niveau baccalauréat ou inférieur. Bien que la province n’offre pas de définition officielle des attestations d’études axées sur le marché du travail, nous définissions globalement, aux fins de cette étude, ces attestations de la façon suivante : attestations d’études qui combinent la théorie et la pratique, conçues pour préparer les diplômés à des emplois ou à des domaines de pratique précis. Ces programmes sont généralement créés en fonction de carrières et offerts en réponse à la demande des employeurs, avec des avis de l’industrie concernant les résultats d’apprentissage concernant les programmes. Ils préparent les étudiants à un grand nombre de domaines comme le génie, la santé, la technologie ou l’administration des affaires.
Cette définition tente d’établir une distinction entre les programmes conçus pour préparer les gens à entrer directement sur le marché du travail et les programmes ayant principalement une orientation universitaire, mais nous savons que cette distinction est souvent dure à mettre en application. Nous savons aussi que la plupart des programmes postsecondaires, notamment au niveau de grade, ont comme objectif la préparation de diplômés à l’emploi dans une profession connexe à leurs études. C’est pourquoi ils sont inclus dans la portée de notre étude. Cependant, nous savons que ces programmes ont des objectifs plus larges, comme la préparation des étudiants afin qu’ils puissent participer à la vie sociale, scientifique et culturelle de la province et du pays. Bien que nous croyions fortement que ces objectifs représentent une caractéristique distinctive de l’éducation postsecondaire, notre mandat lié au présent examen exige que nous mettions principalement l’accent sur les objectifs et les résultats de ces programmes liés à l’emploi.
Veuillez noter que les certificats d’apprentissage, bien qu’ils soient grandement axés sur le marché du travail, sont hors de la portée de cet examen. Il est aussi important de noter que les programmes professionnels avec préalables universitaires (médecine, dentisterie, droit, optométrie et médecine vétérinaire) sont hors de la portée de l’examen, car se sont, dans la grande majorité des cas, des programmes exigeant un baccalauréat2
Notre rapport est divisé en cinq chapitres :
2 À la demande du ministère de la Formation et des Collèges et Universités, nous incluons les programmes d’éducation, car bon nombre d’entre eux peuvent être suivis en même temps que d’autres études de premier cycle. On pourrait ainsi dire que ces programmes ne sont pas véritablement des programmes avec préalables universitaires.