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Table des matières

Objectif du projet

L’objectif du présent rapport est de communiquer les conclusions d’une étude de recherche détaillée ainsi que les recommandations portant sur la question suivante :

« La combinaison d'attestations d'études au sein du système public d'éducation postsecondaire de l'Ontario offre-t‑elle suffisamment d'options et de possibilités pour garantir la réussite scolaire et professionnelle des étudiants qui favorisera la productivité et la compétitivité économiques de la province? »

L’évaluation de la combinaison d’attestations d’études postsecondaires1 comprenait une analyse en profondeur des résultats des étudiants, des consultations avec un grand nombre d’intervenants, y compris les étudiants, les établissements et les organismes d’assurance de la qualité, ainsi qu’une consultation et une revue de la recherche portant sur les besoins des employeurs.

L’étude tient aussi compte des récentes propositions portant sur de nouvelles attestations d’études postsecondaires en Ontario ainsi que des tendances mondiales en enseignement supérieur qui mettent l’accent sur les résultats des étudiants sur le marché du travail. Afin d’explorer ces tendances plus en profondeur, nous avons inclus une analyse détaillée de sept territoires de compétence.

L’évolution du contexte de l’éducation postsecondaire

Compte tenu de la croissance et de l’élargissement de l’économie du savoir, l’éducation postsecondaire est devenue une nécessité pour la plupart des carrières et, essentiellement, une exigence pour entrer sur le marché du travail. Les gouvernements doivent s’assurer de former une main-d’œuvre ayant les compétences et les connaissances adéquates pour soutenir les réalités économiques en constante évolution. On accorde ainsi une plus grande attention au rôle des systèmes publics d’éducation postsecondaire dans l’atteinte d’objectifs économiques et sociaux. L’augmentation considérable des niveaux de participation à l’éducation postsecondaire crée des attentes croissantes de la part des étudiants, qui sont portés à croire que leurs efforts investis dans des études collégiales ou universitaires favoriseront leur succès dans la vie et sur le marché du travail. Enfin, le grand public s’attend à plus de résultats concrets de la part de nos collèges et universités, notamment en ces temps de réductions budgétaires progressives.

Les systèmes d’enseignement supérieur du monde entier doivent repenser la définition de la qualité et de l’innovation en raison de ces attentes de plus en plus élevées. Citons notamment les changements majeurs par rapport aux méthodes d’enseignement et d’apprentissage classiques pour passer à des programmes dynamiques, conjoints et adaptés, ainsi que des façons différentes de concevoir les résultats, en s’éloignant des données préliminaires et en se rapprochant des résultats et des répercussions.

En 2012, le ministère de la Formation et des Collèges et Universités a exprimé son intention de transformer le système public d’enseignement supérieur de l’Ontario. Cette annonce a été faite en réponse au changement du contexte global des systèmes d’éducation postsecondaire ainsi qu’aux réalités économiques, sociales et académiques en constante évolution.

Pour jeter la base de la transformation de l’éducation postsecondaire, le Ministère a publié un cadre stratégique pour la différenciation, réitérant l’importance de la qualité et de l’offre d’un accès à l’ensemble du continuum des possibilités axées sur le marché du travail et des possibilités d’enseignement requises pour prospérer dans notre monde contemporain. Dans le cadre de cette transformation, le Ministère a aussi négocié et signé des Ententes de mandat stratégiques (EMS) avec les établissements financés par les fonds publics en Ontario pour intégrer les forces institutionnelles dans le contexte des priorités gouvernementales. La combinaison d’attestations d’études de l’Ontario est un élément important de la mise en œuvre du programme de transformation par le Ministère. Il convient d’examiner la façon dont les attestations d’études postsecondaires de l’Ontario favorisent les résultats positifs sur le marché du travail et d’envisager la meilleure façon de positionner le système afin de continuer à progresser.

Mieux comprendre les résultats des étudiants

Notre recherche portait sur les résultats en ce qui a trait à l’obtention de l’attestation d’études, au revenu, à l’emploi et à la satisfaction pour chaque attestation d’études postsecondaires de l’Ontario. Ensemble, ces mesures nous donnent un aperçu des résultats liés aux attestations d’études de l’Ontario au fil du temps.

De façon générale, comme prévu, les résultats sont plus élevés pour les attestations d’études de niveau plus avancé, même s’il existe d’importants écarts lorsque l’on tient compte du domaine d’études.

En comparant les résultats initiaux des étudiants de niveau collégial (six mois après l’obtention de l’attestation d’études) et de ceux de niveau universitaire (six mois et deux ans après l’obtention de l’attestation) avec les bases de données nationales, nos analyses semblent indiquer que les résultats liés à l’emploi et au revenu s’améliorent rapidement au fur et à mesure que les diplômés acquièrent de l’expérience sur le marché du travail.

Faciliter la transition de l’école au marché du travail, un effort essentiel

Bien que la combinaison actuelle des attestations d’études de l’Ontario produise de bons résultats, nos analyses indiquent que le revenu des récents diplômés a diminué et que le taux de chômage connexe a augmenté. Ces tendances sont directement liées à la crise financière mondiale et à la récession subséquente; et les niveaux d’avant la crise de 2008 n’ont toujours pas été atteints. Les faibles taux d’emploi et les faibles revenus sont des problèmes à « moyen terme ». En effet, notre étude montre que les diplômés s’établissent sur le marché du travail vers l’âge de 27 à 29 ans, en moyenne. Le domaine d’études apparaît comme un facteur déterminant du temps qu’il faut pour qu’un diplômé passe de l’éducation postsecondaire au marché du travail.

Évaluation des besoins des employeurs

Un débat est en cours sur l’existence d’un « écart en matière de compétences » et sur ce que révèlent les données. Selon la recherche, bien que les employeurs disent avoir de la difficulté à recruter des employés qualifiés, les perceptions des employeurs ne suffisent pas à donner une idée précise de la demande actuelle. Les données sur le salaire et le chômage semblent indiquer qu’il n’y a pas de décalage global en matière de compétences et que les difficultés de dotation en personnel sont souvent liées aux considérations régionales et propres à une profession.

Les employeurs se fient principalement à l’expérience de travail lorsqu’ils recrutent des employés de niveau débutant. Par conséquent, les diplômés ayant une expérience d’apprentissage intégré au travail ont un avantage par rapport aux autres candidats sur le marché. Cette conclusion est étayée par les données d’indicateurs de rendement clés (IRC), selon lesquelles l’apprentissage intégré au travail favorise un taux de chômage plus faible et un revenu plus élevé six mois après l’obtention de l’attestation d’études, autant au niveau collégial qu’universitaire.

Ce qu’ont dit les étudiants ainsi que les intervenants du système

La rétroaction des étudiants témoigne de leurs préoccupations quant à la transition vers l’emploi et à la difficulté de trouver des conseils d’orientation fiables. Ils appuient fortement l’augmentation du nombre de possibilités d’apprentissage intégré au travail et d’apprentissage appliqué en classe afin d’augmenter leurs chances d’emploi après l’obtention d’une attestation d’études.

La rétroaction des collèges, des universités et autres intervenants du système variait quant à savoir si la combinaison actuelle d’attestations d’études était assez flexible pour répondre aux besoins des étudiants et du marché du travail, et si des écarts existaient. Les universités autant que les collèges peuvent montrer en quoi ils offrent une éducation « appliquée de haut niveau » répondant aux besoins des étudiants et des employeurs. Cependant, il n’existe aucune approche ni aucun principe à l’échelle du système visant à définir ce que cela signifie, surtout en ce qui a trait à la formation en vue de l’obtention d’un grade avec études appliquées. La combinaison d’attestations d’études de l’Ontario a évolué sans articulation ni passerelles délibérées entre les attestations d’études. Par conséquent, des approches divergentes quant aux résultats d’apprentissage, à l’assurance de la qualité et à la reconnaissance des crédits empêchent de considérer la combinaison d’attestations d’études comme un tout unifié.

Compte tenu de ces problèmes, les intervenants ne s’entendaient pas sur la meilleure façon de soutenir la transition des étudiants vers le marché du travail et de répondre aux besoins du milieu de travail du 21e siècle. Certains intervenants ont insisté sur le fait qu’ils innovaient déjà grâce à des méthodes de prestation dans le cadre de la combinaison d’attestations d’études actuelle; d’autres ont suggéré que de nouvelles attestations d’études étaient nécessaires. Bien que les intervenants reconnaissent que les programmes conjoints et le transfert des crédits peuvent offrir la meilleure qualité d’éducation théorique et appliquée, les différences de normes de qualité et de pratiques d’assurance de la qualité limitent une approche collaborative.

Récentes propositions d’attestations d’études en Ontario

Les conclusions de cette étude n’ont pas permis de déterminer si une nouvelle attestation d’études axée sur le marché du travail était nécessaire en Ontario. L’étude fournit bon nombre de preuves que la combinaison d’attestations d’études de l’Ontario demeurait un avantage pour les étudiants dans l’ensemble, mais le rendement du capital investi variait et était initialement retardé pour les récents diplômés. Le manque de données combinées sur les demandes et les résultats a empêché l’analyse des résultats relativement aux caractéristiques des étudiants, et le manque de données sur les résultats à long terme a compliqué la recherche de réponses catégoriques sur les transitions vers le marché du travail.

Constatations tirées des autres territoires de compétence

Partout dans le monde, des territoires de compétence se penchent également sur leur combinaison d’attestations d’études et réfléchissent à la meilleure façon de gérer leur système d’éducation postsecondaire afin d’offrir à leurs étudiants et à leurs employeurs le type d’enseignement postsecondaire technique qu’ils exigent. Notre analyse tient compte de la pertinence et de l’applicabilité de ces modèles dans le contexte de l’Ontario.

Mettre l’accent sur l’innovation pour faciliter la transition des étudiants vers le marché du travail

L’amélioration de la transition des étudiants et la préparation des diplômés aux réalités du milieu de travail du 21e siècle sont des défis communs à tous les territoires de compétence. L’Ontario, comme d’autres territoires, met à l’essai des méthodes innovatrices afin d’accélérer les transitions des diplômés vers le marché du travail, en repensant radicalement la façon d’éduquer les étudiants ainsi qu’en mettant l’accent sur le raisonnement théorique et l’application qualifiée, y compris :

  • conférer aux collèges le pouvoir de décerner des baccalauréats;
  • encourager des voies de transition entre les établissements d’enseignement appliqué et universitaire;
  • mettre à l’essai divers modèles de prestation, y compris les programmes conjoints, la prestation axée sur les compétences, et l’apprentissage intégré au travail.

Ces innovations reflètent le fait que les connaissances et les compétences dont les diplômés ont besoin pour contribuer à la société et à l’économie ont changé au fil du temps. Selon notre analyse, il n’existe aucune solution universelle qui répondra aux besoins de chaque étudiant. Plusieurs solutions sont nécessaires pour améliorer les transitions de l’école au travail.

Mettre l’accent sur l’harmonisation de la qualité, les résultats et la transparence

Selon les conclusions de l’examen des modèles d’attestations d’études aux États-Unis (États de Washington, de l’Oregon et du Wisconsin), en Europe (Angleterre et Irlande) et au Canada (Colombie-Britannique et Alberta), les autres systèmes publics d’éducation postsecondaire ont, tout comme celui de l’Ontario, introduit de nouvelles attestations et élargi les pouvoirs de décerner des grades à des établissements autres que des universités, au fil du temps. Dans de nombreux cas, l’élargissement des offres et des mandats a été rendu possible grâce à une surveillance gouvernementale claire des qualifications postsecondaires afin de garantir l’uniformité de leur interprétation et de leur pertinence, ainsi que pour soutenir les liens et les voies de transition entre les qualifications visant à favoriser la confiance, la transférabilité et la comparabilité.

En comparaison, l’Ontario est unique. En effet, la province compte trois organismes d’assurance de la qualité, sans aucun processus formel de coordination des approches. Dans tous les territoires de compétence examinés, l’autorité centrale qui approuve les nouveaux programmes est un organisme indépendant du gouvernement ou un ministère/département ministériel. De façon générale, les collèges communautaires qui décernent des grades sont assujettis à davantage de processus d’approbation de la qualité que les universités.

Les tendances mondiales indiquent que la différenciation est un important facteur de la qualité et de l’innovation continue à l’échelle du système. En Ontario comme ailleurs, les administrations mettent l’accent sur la coordination et la synergie accrues entre les établissements et les secteurs, à mesure que les secteurs postsecondaires universitaires et ceux préparant à une carrière deviennent plus intégrés.

De la même façon, on reconnaît de plus en plus que la combinaison d’attestations d’études représente davantage que la somme de ses parties. L’offre d’enseignement et de formation doit être vue comme un tout unifié pour soutenir le choix des étudiants, leur mobilité ainsi que leur transition vers le marché du travail. Les employeurs, les étudiants et le public doivent avoir continuellement confiance dans la qualité des attestations d’études postsecondaires publiques en Ontario, peu importe l’établissement ou le secteur qui offre le programme menant à celles-ci.

Les nouvelles recherches portant sur les résultats d’apprentissage présentent une avenue prometteuse qui permettra à l’Ontario de créer un langage commun à l’apprentissage des élèves et à l’acquisition de compétences. Cela pourrait déboucher sur la définition de normes sur l’éducation postsecondaire qui combinent des compétences cognitives de plus haut niveau et des compétences améliorant l’employabilité dans tout le système.

Prochaines étapes : Éducation postsecondaire de haute qualité et innovatrice, représentée par des attestations d’études claires et uniformes

L’ensemble des preuves rassemblées semble indiquer que le retour sur l’investissement des étudiants en éducation postsecondaire peut prendre du temps. Les étudiants qui possèdent des compétences avancées comme la pensée critique et de fortes capacités de communication, fondées sur des compétences techniques et de l’expérience de travail, ont un avantage considérable sur le marché du travail.

L’Ontario met déjà à l’essai des méthodes visant à renforcer le marché du travail et à répondre à ses réalités. La prestation de ce que l’on peut décrire comme étant une éducation postsecondaire « appliquée de haut niveau » converge dans les collèges et les universités. Nous entrevoyons des possibilités de mettre en place une approche commune à l’ensemble du système relativement à l’éducation postsecondaire de haute qualité et innovatrice afin de soutenir la transition des étudiants vers le marché du travail.

L’Ontario doit mettre l’accent sur le renforcement des conditions liées à la qualité dans l’ensemble du système, fondées sur des principes convenus dans les secteurs collégial et universitaire. Parallèlement, il est possible d’améliorer les méthodes de conception et de prestation de nouvelles attestations d’études insistant particulièrement sur les résultats sur le marché du travail, en raison de recherches prometteuses sur les résultats d’apprentissage et d’une expérimentation plus réfléchie pour évaluer leur niveau d’efficacité et déterminer si elles sont évolutives. Enfin, les efforts peuvent être soutenus grâce à une utilisation plus efficace des données sur les résultats et à leur mise à disposition des étudiants, des employeurs et du public.

Aperçu des recommandations

Éducation postsecondaire de haute qualité et innovatrice

Renforcer les conditions liées à la qualité

  1. Réaffirmer les résultats d’apprentissage pour l’ensemble du système relativement aux baccalauréats en Ontario
  2. Repenser la combinaison d’attestations d’études comme ensemble intégré en mettant l’accent sur l’articulation et les passerelles pour soutenir la mobilité des étudiants
  3. Créer une approche de la qualité à l’échelle de la province, accompagnée d’un protocole pour l’introduction des nouvelles attestations d’études

Accélérer l’évaluation des résultats d’apprentissage

  1. Soutenir les projets qui favorisent la mesure des résultats d’apprentissage

Permettre une expérimentation plus réfléchie de l’innovation

  1. Établir un programme de recherche et un cadre d’évaluation commun pour cerner et échelonner ce qui fonctionne
  2. Mettre à l’essai des approches innovatrices qui accélèrent l’achèvement du programme et les transitions vers le marché du travail

Améliorer l’accessibilité, l’exhaustivité et la comparabilité des données

  1. Créer un lien entre les données sur les candidats, les inscriptions et les diplômés pour permettre une analyse complète
  2. Harmoniser les pratiques de partage de données avec les engagements du Gouvernement ouvert et du portail Données ouvertes

Faire preuve de transparence pour favoriser la confiance du public

  1. S’assurer que le Cadre de classification des titres de compétence de l’Ontario est un outil d’information complet et à jour à la disposition du public
  2. Créer un tableau de bord en ligne pour permettre aux étudiants de comparer les coûts, la qualité et les résultats sur le marché du travail liés à chaque programme

1  Aux fins de cette recherche, la combinaison d’attestations d’études se définit comme l’ensemble des certificats d’études collégiales, des diplômes, des diplômes de niveau avancé, des certificats post-diplôme et des baccalauréats (autant les grades de premier cycle universitaire que les grades collégiaux dans des domaines d’études appliquées) de l’Ontario. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter la section « Introduction et méthode analytique ».