Nous avons examiné les récentes propositions ayant trait aux attestations d’études, en nous basant sur une analyse des projets d’entente de mandat stratégique (EMS) réalisée en 2013, ainsi que d’autres propositions de Collèges Ontario et du Conseil des universités de l’Ontario. Afin de lancer l’élaboration des EMS et de mieux comprendre les grandes priorités et activités novatrices des établissements, le gouvernement a demandé aux collèges et aux universités de présenter des projets.
Notre examen visait à nous donner une meilleure idée des options et orientations étudiées par les établissements de l’Ontario relativement à la bonification de la combinaison d’attestations d’études. Rappelons que les propositions incluses dans les projets d’EMS sont considérées comme préliminaires. Une analyse plus poussée serait nécessaire pour évaluer leur faisabilité et leur pertinence.
Selon les analyses des attestations d’études proposées dans les EMS (projets et versions finales) et d’autres propositions de Collèges Ontario et du Conseil des universités de l’Ontario, les établissements concentrent leurs efforts sur les quatre éléments suivants :
Ces éléments concordent avec les tendances que nous avons observées dans d’autres régions, notamment une plus grande attention accordée à la qualité et aux résultats de l’éducation, l’élargissement de l’offre d’attestations d’études et des mandats, et la volonté de faciliter la transition de l’école au travail des étudiants. Le processus des EMS lui-même illustre bien la tendance à miser sur la différenciation des établissements, et sur la maximisation de l’efficacité du système grâce à une coordination connexe.
Innovation en matière d’offre d’attestations d’études
Les propositions visant à élargir l’offre de grades étaient courantes dans les projets d’EMS des collèges. Plusieurs universités ont aussi intégré à leurs projets des propositions de nouveaux programmes appliqués, y compris différents programmes professionnels de maîtrise étroitement liés aux besoins du marché du travail et conçus pour les professionnels à mi-carrière. Les propositions comprenaient également des modèles 2+2 et 3+2 visant à accélérer les transitions du diplôme au baccalauréat et du baccalauréat à la maîtrise ainsi que de nouveaux types d’attestations d’études appliquées au niveau de la maîtrise.
Collaboration entre les collèges et les universités
La plupart des collèges et des universités ont proposé des collaborations avec d’autres établissements (ou mis en lumière des collaborations en cours), recommandant notamment l’élargissement des modèles 2+2 pour transformer des programmes de deux ans menant à un diplôme en programmes de quatre ans menant à un grade, et soulignant des engagements visant à étendre les programmes conjoints dans différents domaines.
Facilitation de la transition de l’école au travail
De nombreux collèges ont proposé des stratégies sectorielles de mobilisation des employeurs, ou des programmes d’entrepreneuriat ciblant des secteurs précis. Presque toutes les universités ont mentionné l’apprentissage expérimental ou intégré au travail comme force actuelle, et quelques-unes se sont engagées à rendre ces types d’apprentissage plus accessibles aux étudiants. Plusieurs universités ont dit mettre sur pied des dossiers parallèles aux programmes ou d’autres stratégies pour communiquer les compétences acquises par les diplômés.
Amélioration de la qualité et des résultats de l’éducation
Les collèges ont insisté sur les mesures prises pour favoriser la réussite des étudiants, plusieurs proposant l’établissement de centres pour la réussite scolaire et l’employabilité qui offrent des services d’encadrement pour étudiants à risque et réunissent les services de soutien sous un même toit. Un petit nombre de collèges s’est concrètement engagé à mesurer les résultats sur le marché du travail dans le contexte des normes d’examen des programmes et des résultats des étudiants.
Les universités ont été nombreuses à souligner leurs efforts pour renforcer l’apprentissage s’appuyant sur la technologie. Par exemple, plusieurs universités se sont engagées à concevoir annuellement un grand nombre de cours en ligne, pour les trois prochaines années, alors que d’autres ont attiré l’attention sur des initiatives pour définir et mesurer les résultats d’apprentissage.
Proposition par Collèges Ontario de grades collégiaux d’études appliquées de trois ans
Parallèlement au processus des EMS, Collèges Ontario a proposé que le gouvernement autorise les collèges à offrir des programmes de trois ans menant à un grade dans des domaines d’études populaires auprès des étudiants, demandés dans l’industrie et les collectivités ou recherchés en raison d’autres facteurs économiques (Collèges Ontario, 2012). Collèges Ontario justifie sa proposition par le fait que les étudiants de nombreux programmes menant à un diplôme de niveau avancé atteignent déjà les résultats associés aux grades, ce qui devrait être reconnu par une attestation d’études appropriée. Comme mentionné précédemment, 16 des 24 collèges publics de l’Ontario se sont dits en faveur de cette proposition dans leur EMS. Les principaux éléments de la proposition sont présentés ci-dessous.
Proposition du CUO concernant les diplômes universitaires de cycle supérieur
Certaines universités offrent déjà de nouveaux diplômes de cycle supérieur qui ne sont pas répertoriés dans le CCTCO. Le Conseil des universités de l’Ontario propose l’intégration de trois niveaux de diplômes de cycle supérieur (I, II et III). Les caractéristiques proposées pour ces diplômes de cycle supérieur sont présentées ci-dessous.
Point de mire : Ces diplômes de cycle supérieur seraient axés sur la profession ou la discipline, et pourraient constituer soit un objectif autonome pour les détenteurs d’un baccalauréat, soit une composante passerelle d’un programme de maîtrise ou de doctorat.
Objectif : L’objectif de ces diplômes serait de préparer les étudiants aux emplois nécessitant du jugement, un sens des responsabilités et de l’initiative dans des environnements professionnels complexes et imprévisibles.
Conditions d’admission : Le Conseil ontarien des études supérieures (COES) a suggéré que le diplôme se situe entre la maîtrise et le doctorat dans le CCTCO, ce qui suggère qu’une maîtrise serait nécessaire pour l’admission. Toutefois, les acquis préalables à l’admission proposés par le COES sont le baccalauréat spécialisé ou un autre grade de premier cycle (avec d’éventuelles exigences de transition).
Durée : De un à quatre trimestres.
L’Ontario Universities Council on Quality Assurance nous a dit avoir formulé, à la demande du ministère de la Formation et des Collèges et Universités, des propositions à être intégrées au CCTCO pour chacun des trois niveaux des diplômes de cycle supérieur.
La perspective étudiante
De plus en plus de recherches montrent que les étudiants sont inquiets de leur transition vers un emploi, et qu’ils manquent d’information fiable sur le marché du travail et d’orientation professionnelle. Les trois préoccupations générales ci-dessous ont été soulevées.
La perspective des collèges et des universités
Un consensus se dégage de plus en plus parmi les observateurs du système postsecondaire eu égard au fait que le gouvernement, les établissements et les employeurs devront s’adapter et collaborer pour améliorer l’efficacité du marché du travail (Chambre de commerce du Canada, 2014; Maclean’s, 2013; Globe and Mail, 2012, 2014; COQES, 2013). Parmi les intervenants consultés, les avis sont partagés concernant l’existence et la gravité des lacunes systémiques.
Certains intervenants, notamment du Conseil des universités de l’Ontario, ont insisté sur le fait que le système fonctionne bien et que l’éducation postsecondaire fournit déjà les compétences dont les diplômés et les employeurs ont besoin. Collèges Ontario a cependant fait ressortir d’importantes lacunes, comme l’absence de parcours scolaires efficaces et la nécessité d’accélérer la transition d’un programme d’études à l’autre et de l’école à l’emploi. Collèges Ontario a également signalé une faiblesse dans les programmes d’études appliquées menant à un grade, faiblesse que l’organisme attribue à des dispositions réglementaires qui empêchent les collèges d’élargir leur offre de programmes. D’autres lacunes rapportées étaient liées à des domaines précis, entre autres le fait que les collèges ne sont pas autorisés à offrir des programmes de trois ans menant à un grade (une impossibilité qui, selon les collèges, a des répercussions négatives sur l’équité envers les étudiants et les résultats sur le marché du travail de ces derniers). Citons aussi comme exemple l’absence, dans le CCTCO, de reconnaissance officielle des diplômes universitaires de cycle supérieur, une situation qui, selon certaines associations étudiantes, compromet l’uniformité des programmes et de la qualité d’un établissement à l’autre, ainsi que la nécessité d’un meilleur soutien aux étudiants relativement à la présentation de leurs compétences et de leurs connaissances aux employeurs.
Tendances récentes relativement aux attestations d’études axées sur le marché du travail en Ontario
Selon les analyses des attestations d’études proposées dans les EMS (projets et versions finales) et d’autres propositions de Collèges Ontario et du Conseil des universités de l’Ontario, les établissements concentrent leurs efforts sur les trois éléments suivants :
Comme nous le verrons au chapitre 4, ces éléments concordent avec les tendances que nous avons observées dans d’autres régions, notamment une plus grande attention accordée à la qualité et aux résultats de l’éducation, l’élargissement de l’offre d’attestations d’études et des mandats, et la consolidation de la relation entre l’éducation postsecondaire et le monde du travail. Le processus des EMS lui-même illustre bien la tendance à miser sur la différenciation des établissements, et sur la maximisation de l’efficacité du système grâce à une conception optimale.